Créer un site internet

Carnet de Voyage : Partie 3

Lindis Pass & Lake Dunstan - 115km - 11/03/18

La nuit était hyper fraîche, c'est descendu à 6?. J'ai eu la chance de me lever dans la nuit pour admirer les étoiles dans un ciel parfaitement clair. Mais la rosé tombée plus le froid me réveillent vers 6h du matin. Je tente de traîner au lit mais ce n'est pas vraiment agréable. Le ciel est bien dégagé, le soleil est vite très agressif et on doit remettre de la crème solaire toutes les 1 ou 2 heures pour le supporter. La première partie du parcours est composé de longues lignes droites toujours au milieu d'une large vallée dont les montagnes ne sont pas si grandes. On se relaye toujours bien avec Grégory ce qui permet de passer les 20 premiers kilomètres assez rapidement. C'est alors que commence très doucement le col de Lindis qui s'étire sur 15km. Toutefois seulement le dernier kilomètre serait digne d'un "col" car c'est un jeu d'enfant comparé aux Alpes françaises. La végétation de Lindis Pass est très sommaire, des touffes de hautes herbes jaunes séchées par le vent sur de la terre lunaire. Après ce col vient une descente prononcée sur 5km qui continue ensuite plus tranquillement. J'en profite pour dépasser les 70km/h ! Petit à petit une végétation plus verte réapparaît mais difficile de trouver un coin sympa ombragé pour s'arrêter manger. Une entrée de propriété fera l'affaire ! Grégory souhaitant rejoindre la West coast le plus rapidement possible et moi Queenstown nos chemins vont se séparer. Étant depuis deux mois sur mon vélo, mon rythme est plus élevé que le sien arrivé il y a une semaine. On se reverra de toute façon, c'est 3 deniers jours j'ai roulé et partagé mon voyage avec un ami... 
Je repars alors comme une balle. Comme si je venais de finir ma natation sur un triathlon. Mon but est d'atteindre Cromwell, soit 65km plus loin pour un total journalier de 115km ! J'ai faim de kilomètres ! Le soleil est là alors autant rouler. J'attaque dès que possible et ajuste mes ratios de vitesse pour pédaler à l'équilibre entre vélocité et force pour préserver mon genou. Je passe une autre petite bosse puis m'arrête plus loin dans la bourgade de Tarras pour un pause ravito après 30km à bon rythme. Mais pars cette pause j'augmente encore le rythme car le relief et le vent sont favorables en plus de ma pêche d'enfer ! Toujours sur le grand plateau, je joue seulement avec les plus petits pignons en cas de montée. Dernière ligne droite, le vignoble de Bendigo à ma gauche contre le lac Dunstan à ma droite. Magnifique mais je suis tellement dans un bon rythme que je ne veux pas m'arrêter et prends des photos à la volée. Plus vite arrivé que j'imaginais ce matin, je pars me promener dans Cromwell pour découvrir cette ville coincée entre les montagnes et le lac. Style qui me semble typique US avec de larges rues suivant un quadrillage régulier. Ce soir je reste en solo pour avoir le temps de me reposer et faire un peu le point sur cette traversé qui prend fin demain à Queenstown. Le voyage à vélo, lui, n'est pas terminé.

Kawarau Gorge by Gibbston River Trail to Queenstown - 66km - 12/03/18

Le camping étant assez prêt de la route le passage des voitures me réveille avant 6h... Je traîne jusque 7h30 lorsque le soleil se lève. Hop départ pour Queenstown vers 9h30. L'étape est courte mais sacrément valonnée car elle remonte les gorges de Kawarau de tout son long. Malheureusement pour moi c'est une route passagère relativement étroite. Je subis le traffic et ne peux pas m'arrêter faire des photos pourtant c'est presque aussi beau que les Gorges du Verdon... ça s'améliore lorsque la vallée s'élargit, la route fait de même mais les camions y vont de plus belle ! Heureusement pour moi il y a un parcours vélo permanent dès les premiers vignobles. Je l'emprunte et ne le quitte plus jusque Queenstown, il est très fréquenté par les touristes allant dans les vignes. Je ne m'arrête pas, le vin je connais bien ! Le parcours surplombe la rivière d'une vingtaine de mètres ce qui offre une magnifique vue plongeante sur les gorges. Je suis libéré du traffic mais j'enchaîne des côtes et descentes très raides sur le parcours de gravillons bien escarpé. Enfin j'arrive paisiblement à Frankton, commune juxtaposée à Queenstown où se trouve un centre commercial. Les nuits s'étant fortement refroidies, j'envisage de m'equiper en conséquence avec un sac de couchage 0?, un legging de running pour dormir (comme ça il servira aussi à mon retour pour courir), un grand sac waterproof pour protégé mon sac à dos et mon excédent de bagage (à cause du 2nd sac de couchage) et pour la journée des gants de vélo longs car le bout de mes doigts éclate. Je ne trouve pas ce que je veux, j'irai dans le centre ville de Queenstown plus tard. Il me tarde maintenant de poser les pieds à terre à mon auberge. Je file au bord de l'eau tout en admirant la ville se dévoiler, magnifique. A peine arrivé j'ai du linge à laver, quelques mails à répondre et planifier le reste de mon voyage plus précisément. Je veux m'assurer que mes plans sont jouables bien que moyennement raisonnables ! Mes jambes me demangent d'aller faire un tour au centre ville à 500m à pied. Je flâne alors dans les rues de restaurants, bars et magasins de montagnes puis je m'arrête un peu sur les berges du lac. On dirait qu'il essaye de reproduire l'atmosphère d'Annecy qui a bien plus de charme et de caractère mais je suis séduit par le coeur de Queenstown qui devient instantanément ma ville préférée en NZ. Je m'y sens vraiment bien. Ce soir je ne vais pas fêter mon arrivée seul car j'espère être en très bonne compagnie très prochainement. De plus je pars en excursion demain matin et dois être prêt à 5h45... ciao bonne nuit :)

Milford Sound Cruise - 13/03/18

Le réveil à 5h fait mal mais je dois être à l'heure pour prendre mon bus pour l'excursion croisière à Milford. Il y a 4h de route pour l'aller, environ 2h de bateau et un retour de 4h de route, sans compter les pauses ! En effet le conducteur du bus nous raconte pleins d'informations intéressantes sur la faune et la flore locale de ce parc national. La route est hyper fréquentée par les bus et touristes, ça aurait été du suicide d'y aller à vélo. On s'arrête de temps en temps pour une photo sur un point de vue magnifique... bref du tourisme de base comme je déteste mais les clichés en valent la peine. Une marche de 5 minutes par ci, une pause café par là, le fameux tunnel à circulation alternée non éclairée avec 10 minutes de feu rouge et enfin on est dans le Fjord. La route est un véritable serpentin pour le plus grand bonheur des motards. L'étroite route se fraye un chemin au sein d'immenses masses rocheuses privées de végétation mais sillonnées par des cascades alimentées par la pluie. La météo est très humide et froide dans cette région. Ma lessive n'ayant pas fini de sécher, je suis le seul en short. Avec les pauses le trajet à durer 5h et on embarque aussitôt descendu du bus. Le ciel est chargé et ça crachine déjà. La croisière m'offre des vues uniques, magiques et majestueuses des cascades que l'on approche de quelques mètres avec la proue du bateau. Je prends presque une douche mais j'ai des photos superbes. On voit même des phoques et des dauphins. Je n'ai presque pas été assis tellement il y avait de paysages nouveaux pour moi. D'ailleurs regardez plutôt mes photos qui parlent d'elles-même. Cette croisière est passée si vite, j'en ai pris plein les yeux. Même si je suis physiquement détruit du manque de sommeil, je suis heureux de m'être offert cette récompense pour conclure ma traversée de la Nouvelle-Zélande. Après quelques arrêts touristiques supplémentaires, je m'effondre rapidement bercé et chahuté par le style de conduite très local du chauffeur.

Shopping and End of bike trip celebration with great mates - 14/03/18

Après une bonne nuit complète dans le Black Sheep Backpackers, je pars découvrir le jardin botanique de Queenstown. On peut y jouer au frisbee golf, même principe que le golf avec un frisbee et des paniers. Ma promenade continue vers le centre ville car je veux m'équiper d'un meilleur sac de couchage et d'un sur-sac imperméable pour mon sac à dos. La météo annonce des nuits à températures limite négatives et de fortes pluies sur la west coast que j'envisage de parcourir à vélo. Je tombe rapidement fan d'une boutique de sport de montagne, Small Planet. Non seulement l'endroit assez exigu est bardé d'équipement sur toute la hauteur des murs mais en plus s'y trouve accroché un drapeau breton... C'est un signe ! Le staff est hyper à l'écoute et m'aiguille sur le bon choix de matériel. J'ajoute un legging en mérino et des gants longs respectivement pour plus de confort la nuit et la journée. Il ne me reste plus qu'à faire passer cet excédant de bagage sur le vélo, après 30min je trouve un nouvel arrangement pour mon équipement sans rien jeter. 
Je dois maintenant me réapprovisionner au supermarché avant que les 2 acolytes Marie et Quentin me retrouvent au camping Lakeview de Queenstown. Je suis très content de les rencontrer après avoir été en contact avec Marie depuis mon départ grâce à mon article dans le journal. Nous avons suivi nos aventures respectives pour essayer de se croiser quelques part à un moment incertain. Je pensais les embarquer dans une promenade sur les hauteurs de la ville mais c'est finalement eux qui m'embarquent avec une bière au camping pour se poser et faire tranquillement connaissance. Enthousiastes de découvrir le centre ville, on part y flâner pour finalement atterrir à la terrasse d'un bar pour offrir ma tournée pour mon arrivée à Queenstown qui était jusque là restée sous silence. Je passe un moment extra en excellente compagnie. 
Nous poursuivons cette belle lancée avec un dîner d'exception que nous conquoctons (largement dirigé par Quentin avec deux bons commis de cuisine !) au camping avec les moyens du bord, une bonne bouteille de vin shiraz de Hawkes Bay et une bonne dose d'humour français. On déguste nos bruschettas aux chandelles ou plutôt à la lumière des étoiles ! Je trouve que j'ai encore une chance incroyable de rencontrer des gens qui ont une histoire fantastique et une vision du voyage et de la vie que je partage en grande partie, qui plus est français du Grand Ouest ! Tellement sur la même longueur d'onde que l'on veut poursuivre ce moment partagé autour d'une bière dans un bar kiwi.

Ben Lomond Track (16km hiking) - 15/03/18

Réveillé de bonne heure, j'ai pas mal réfléchis et modifié mes plans pour la suite du périple... Après avoir déplacé ma tente (je ne peux pas rester sur l'emplacement que nous avions à trois hier...) je salue mes nouveaux amis qui continuent leur superbe voyage avec Jean-Eude, leur 4x4. On se connaît depuis à peine 24h mais j'ai l'impression de quitter des amis de longue date. J'espère les revoir bientôt. 
Je pars alors pour faire la rando du Ben Lomond Summit qui culmine à 1748 mètre d'altitude. Sur la route je fais la rencontre de voyageurs James, Niki et Daisy, (resp. Anglais, Canadienne et Anglaise) qui ont la même idée que moi et me propose de me joindre à eux pour cette rando de 6 heures. On discute tout de suite beaucoup et rate l'entrée du sentier. James est aussi un triathlète et a même accompli un Ironman récemment. On s'entend donc très bien ! Les filles font du tourisme pour couper un peu de leur Working Holiday Visa en Australie. La journée s'annonce beaucoup plus fun que prévu et c'est parfait. On commence par traverser d'innombrables parcours de VTT de descente qui me donnent très envie... 
Une fois sortis de la forêt nous traversons une végétation plus proche du sol composée de landes et hautes herbes qui se rarifie au fur et à mesure de notre ascension. D'ailleurs plus l'on monte plus les filles ralentissent et font des pauses. Pour éviter l'effet boule de neige, on ne s'arrête plus forcément. On décide de poursuivre à notre rythme avec James qui me raconte son voyage en Amérique du Sud juste avant la Nouvelle-Zélande. On grimpe bien tout en discutant. La montagne devient de plus en plus rocheuse et très venteuse en arrivant sur la crête ! Le vent nous souffle un air glacé venant tout droit des glaciers - saisissant ! La vue sur le lac, Queenstown et ses alentours s'embellie avec l'altitude. Le vent nous glace les extrémités mais ne nous amène pas de nuage de pluie. La fin du parcours est très technique. Les roches aux lignes acérées deviennent massives et de plus en plus denses sur le parcours. On doit en escalader certaines en s'aidant des mains. J'adore ! Le sommet s'offre à nous après presque 3 heures d'effort. Il n'y a personne d'autre à ce moment là ce qui nous permet de profiter pleinement du moment à contempler ce panorama à 360° pendant quelques minutes. 
Étant deux triathlètes bien motivés on se lance dans une descente rapide et sportive qui chauffe bien les quadriceps ! On recroise les filles après quelques minutes de descente puis on file jusqu'au domaine de VTT de descente et freestyle. De là on déniche un parcours mal indiqué qui en fait était fermé, ce dont on aperçoit une fois en bas... Simplement cet itinéraire est le meilleur que j'ai pu parcourir. On se serait cru dans une cité perdue. Des pipelines parfois éventrés et recouverts de mousse jonchent le long du parcours, la forêt plutôt du type bush tropical la recouvre en partie. Il faut escalader des troncs d'arbres tombés ou d'énormes roches bloquant le passage. Bref je me suis éclaté dans ce parcours du combattant dans la jungle. De retour au centre ville je m'offre une glace artisanale bien méritée. Le temps d'une douche, une sieste et un diner au camping, je retrouve ensuite James pour quelques bières avec certaines de ses connaissances à son backpackers... 

Through Arrowtown and Crown Range Summit to Wanaka - 74km - 16/03/18

Il a plu pendant la nuit, ce qui a trempé le bout de mon sac de couchage aux pieds... Hyper désagréable ! Étant en mode de vie cycliste depuis 2 mois, je paye très cher les quelques bières de la veille... En plus de cela j'ai des courbatures énormes aux quadriceps. J'ai du mal à m'accroupir puis me relever et tendre les jambes, en plus je ne sens plus d'énergie dans mes jambes. La journée s'annonce rude. Je pars à un tout petit rythme. Heureusement les premiers 20km sont abordables mais je lutte terriblement pour exercer une poussée convenable sur mes pédales. 
Je m'arrête prendre un mochaccino à Arrowtown avant de prendre un sentier qui semble suivre la rivière. Il la suit... mais de haut ! Après 500m je traverse la rivière et attaque d'emblée sur le Tobins Track, une montée sur chemin de terre tantôt caillouteux à 10 ou 15% à vue de nez. Je préfère en baver sur une côte en terre que avec les voitures de touristes sur route... Pas forcément la plus brillante idée du point de vue difficulté et considérant mon misérable état de forme. Je descends rapidement presque tous mes braquets. Un type à pied à bonne allure me double. Je roule à 3 ou 4 km/h tout en luttant pour garder l'équilibre. Le soleil est bien présent mais le vent me glace chaque perle de sueur. Un vieil homme me double en pick-up de si prêt que je dois m'arrêter pour ne pas tomber sous ses roues. Repartir en pleine côte de graviers est un enfer. C'est la raison pour laquelle je ne m'arrête jamais au milieu d'une ascension, redémarrer est encore plus pénible et difficile que de prendre la douleur des jambes sur soi et continuer. J'arrive à remonter quelques centaines de mètres avant de m'arrêter à cause de nausée. De grande bouffée d'air et un peu d'eau suffisent pour repartir. Mais 2 minutes plus tard, je perds l'équilibre et tombe côté ravin. Heureusement 30cm d'herbes sont là pour me réceptionner. Je prends donc conscience de l'urgente nécessité de m'arrêter pour boire plus, respirer, bref reprendre mes esprits et me reconcentrer. Des promeneurs m'encouragent alors que je suis assis sur un rocher, dépité et comateux. Après un moment certainement long sur ce rocher je repars sur le vélo car oui vu la pente, ce serait encore plus galère de pousser le vélo... Je m'arrache sur les deux derniers kilomètres pour arriver à la gravel road qui, pour une fois, je suis content de trouver. Je m'arrête à nouveau quelques minutes assis dans l'entrée d'un champ avant d'aborder cette étape. En léger faux plat et large, c'est un bonheur comparé au Tibons Track. 
J'arrive assez vite à la route normale ce qui, même en côte, est presque un paradis comparé à ce que je viens de prendre. Le sentiment de répit disparaît vite dès lors que le dénivelé reprends la main vers le sommet de la plus haute route de Nouvelle-Zélande. Cette fois j'y suis. Je fais face à une étape de montagne, une vraie, avec d'étroites routes et des épingles à cheveux à tire-larigot, pas de végétation, pas d'ombre, seulement un vent glaçant et des voitures et vans lâchant tous leur sales gaz d'échappement (comme ils en bavent aussi les pauvres moteurs) et un gradient de pente bien costaud pointant jusque 12%... Je m'accroche mais dois m'arrêter pour faire passer quelques voitures et aussi parce que je subis cette montée. Je rattaque décidé à vaincre cette montagne et arrive enfin au point de vue... qui n'est pas celui du sommet ! Faux espoir, je m'arrête tout de même pour la photo et repars rapidement. Le dernier kilomètre n'est pas le pire heureusement. A la pancarte je pose mon vélo et m'allonge sur un morceau d'herbe grillée, exténué. Un autre cycliste est là, il roule dans l'autre sens. On dirait que j'ai pris le sens le plus dur ! Je mange quelques biscuits, bois et ferme les yeux pour un petite sieste tellement j'en peux plus. 
Au moment de repartir un van s'arrête. Des bretons me demandent d'où je suis ayant mon drapeau fièrement accroché au vélo. On discute un peu ce qui me redonne vie pour une descente continue jusque Wanaka. J'espère partir à toute allure mais après 1km ma chaine se bloque. Je ne comprends pas tout de suite. Puis ma découverte me glace le sang. Mon drapeau s'est enroulé tout autour de la cassette et du dérailleur... Par chance il n'a pas bloqué la roue côté disque mais seulement la chaîne. J'aurais pu salement tomber à 60km/h. Je m'arrête pour décrocher mon drapeau devenu chiffon, pas déchiré mais noir de cambouis. 
Le vent se lève face à moi et ralenti ma progression. Le gradient de la pente diminue aussi et me force à puiser dans mes ultimes réserves pour avancer. Je m'arrête deux fois supplémentaires pour me ravitailler de biscuits et enfin joindre Wanaka. Une fois au camping je peine à installer ma tente puis je reste comater dans la douche, ne trouvant plus d'énergie pour en sortir. Je tente de manger un peu de muesli, n'ayant pas la force de cuisiner ni vraiment d'appétit. Il est à peine 20h quand je m'écroule de fatigue dans ma tente.

Mount Iron Track, Puzzling world, Lake Wanaka Walk and Cinema Paradiso -17/03/18

Je me réveille après près de 12h de sommeil. J'ai toujours les jambes cassées mais j'ai de nouveau un peu d'appétit. C'est en me préparant un petit déjeuner de champion que je fais la connaissance de Shannon, une Californienne voyageant en van. On se rends compte que l'on a grosso modo les mêmes plans pour le week-end, marcher et chiller. Je suis content car je veux en savoir plus sur la Californie, en particulier Santa Clara, dans une prochaine perspective professionnelle. 
Je propose donc de commencer par un samedi tranquille (je suis toujours au bout de ma vie ^^). On part alors marcher la boucle de Mount Iron qui donne une jolie vue en surplomb de la ville et la baie principale du lac Wanaka. En marchant doucement mes jambes acceptent de fonctionner. 
Le hasard faisant bien les choses, on débouche sur Puzzling World, une attraction touristique familiale destinée à perturber vos sens. La première partie concerne les illusions visuelles, les trompe-l'œil, les perspectives de volume ou de mouvement. On se fait facilement avoir plusieurs fois et certaines illusions resteront irrésolues. La seconde partie est un labyrinthe géant où il faut trouver l'entrée des quatre tours des quatre coins du labyrinthe. Sans trop chercher à aller vite on finit par sortir de ce jeu sans s'arracher les cheveux mais bien content d'en finir. 
Le soleil se montrant chaleureux, on opte pour une pause pique nique relax aux abords du lac. Après trempage des pieds dans le lac, on décide de poursuivre la journée à se promener le long du lac sur un halage. Plus l'on s'éloigne plus on s'approche des beaux quartiers avec des maisons énormes dans des styles uniques et dans un état irréprochable. On pourrait manger par terre dans la rue. On se pose la question de quelles industries peuvent permettre une telle richesse en Nouvelle-Zélande. En tout cas la vue sur le lac et les montagnes dont profite ces gens est magnifique, d'autant plus qu'il fait très beau. Il est temps de se réorienter vers la ville pour être à l'heure pour une expérience de cinéma unique, au Paradiso. On traverse Sticky Forest, une forêt de sapins bordée de constructions neuves. Wanaka attire les gens à s'installer et on comprend sans problème. 
En traversant la ville on voit déjà les terrasses bondées à l'occasion de la Saint-Patrick. Ce soir pour nous ce sera le film "Red Sparrow" dans un petit cinéma sans équivalent. On est accueilli chaleureusement comme dans un café cosy où l'on peut bruncher, prendre un café, un cookie ou une glace. La décoration est très caractéristique d'une autre époque, utilisant d'anciennes affiches de film. Ce cinéma semble avoir du vécu et est toujours tellement frais et vivant. Une vieille machine à projeter les films est fièrement exposée et mise en valeur dans une petite pièce. Hop c'est l'heure d'entrée en salle et nous recevons nos pizzas cuisinées sur place pouvant être dégustées dans le cinéma tout en regardant le film ! La salle est unique. Un avant de voiture au premier rang vous permet de regarder le film comme en plein air à l'image de US dans les années 50-60. Les autres rangs sont un mélange de fauteuils de cinéma ou de salon et même de canapés 2 à 3 places. A la moitié du film il y a même un entracte où l'on peut s'offrir toute sorte de rafraîchissement, cookies sortis du fours et glaces faites maison. 

 

Roys Peak Track (16km hiking) and Swim in Wanaka Lake - 18/03/18

Mes jambes retrouvent un peu plus de flexibilité et je me sens prêt pour une belle randonnée de 6h jusqu'au Roys Peak. Nous arrivons tranquillement au départ du parcours en fin de matinée. Au programme, plus de 1000m de dénivelé positif et 16km aller-retour. Le soleil est de la partie et ça commence abruptement sur du gros dénivelé. Ce sera globalement ça tout du long jusqu'au sommet mais en musique s'il vous plaît car j'ai mon enceinte Bluetooth. La verdure disparaît petit à petit. Il y a pas mal d'arbres de poil à gratter ici  et bien sûr aussi des moutons. D'ailleurs on en aperçoit un mort béant, sans doute depuis peu. La grimpette se poursuit jusqu'au premier point de vue assez célèbre au travers des réseaux sociaux. 
C'est vrai que la vue est magnifique et je ne résiste pas à prendre de nombreuses photos. On y fait même une pause sandwich pour prolonger le plaisir de la vue offerte par ce magnifique spot ! Il nous reste un bon tier. Le reste de la rando est assez similaire puisque tout le parcours reste sur le même versant. On profite d'une vue de plus en plus large jusque finir les derniers 500m sur la crête. Le sommet à plus de 1500m d'altitude est plein vent mais on s'y sent bien, c'est reposant et apaisant. C'est sans doute la dernière grosse ascension de mon voyage et sans hésitation le plus beau panorama qui m'ait été offert en Nouvelle-Zélande. Cet instant restera vraiment particulier et gravé dans ma mémoire. 
La descente sera d'autant plus douloureuse et pénible pour mes quadriceps. J'ai l'impression de m'être fait une belle déchirure lors de ma rando à Queenstown tellement je ne récupère pas. Une fois en bas on part dénicher une petite plage sympa sur le lac pour une baignade bien méritée jusqu'au couché de soleil. A cause des montagnes, le soleil disparaît très tôt vers 19h. 

Back to Queenstown - 19/03/18

Comme il pleut aujourd'hui et que Shannon n'a rien de prévu elle me propose de me conduire à Queenstown et de passer la journée ensemble à flâner quelques part. Je ne mets pas longtemps à changer ma tenue de cycliste pour des habits normaux ! La pluie s'intensifie à peine parti du camping... I'm happy! On reprends la même route que j'ai pris vendredi en sens inverse. Ça paraît tellement court en voiture... 
On s'arrête à la distillerie de Cardrona. Agréablement reçus par un californien en WHV, on déguste gratuitement les produits de la maison, une vodka, un gin, une liqueur de cerise et une liqueur d'orange. Les alcools sont particulièrement forts et particulièrement bien équilibrés. Nous reprenons la route pour Queenstown pour rejoindre Glenn, l'irlandais que j'ai rencontré au tout début de mon voyage ainsi qu'à Wellington. Il a finit son périple et va récupérer sa copine à l'aéroport pour un road trip les 3 prochaines semaines. On profite de l'occasion pour manger ensemble à Devils burger. Un établissement typique kiwis où la quantité prévaut sur la qualité. Néanmoins je passe un excellent moment à découvrir les dernières anecdotes de Glenn. A peine terminé qu'il doit filer. 
De notre côté avec Shannon on recherche un endroit tranquille dans le jardin botanique pour rattraper le retard d'écriture pour nos blogs respectifs. Je trouve le spot parfait, une table sous un arbre à la forme d'un parasol ou parapluie pour l'occasion ! On y reste une bonne heure ou deux à écrire et écouter de la musique. La fraîcheur de la pluie nous pousse à migrer vers le café Patagonia en centre ville où je me réjouis d'un chocolat chaud. Nous continuons à écrire un peu avant d'aller se promener sur les berges du lac. Il est temps de trouver un camping pour ce soir. 
Profitant du van de Shannon nous roulons 10km jusque Closeburn où un camping basique sans eau potable s'y trouve. Le spot est cependant exceptionnel, calme et au bord du lac. J'en profite pour admirer mes magnifiques crêtes en dents de scies de l'autre côté de ce lac majestueux. Le ciel est chargé, menaçant et le vent nous rappelle par moment sa puissance. Ce soir est mon dernier dîner sur l'île Sud. Équipés de brûleur et lampes frontales on apprécie ce moment simple et délicieux.

Flight back to Auckland - 20/03/18

La nuit a été venteuse mais ça ne m'a pas dérangé pour dormir. Ce qui m'a dérangé est le manque cruel de savoir vivre ensemble de tous ces jeunes allemands que je croise depuis le début de mon périple. C'est comme s'ils pensaient que le fait d'être à l'autre bout du monde leur permettait de faire n'importe quoi à toute heure comme de parler fort en pleine nuit pour appeler leur pote en Europe alors que nous sommes en camping. Ils prennent la Nouvelle-Zélande pour un grand terrain de jeu qu'il n'est pas nécessaire de respecter étant bien loin de chez eux. Bref le levé de soleil sur les nuages rasant les crêtes est tout simplement splendide. Je prépare tranquillement mes affaires pour l'avion de ce soir. Après quelques achats à la bonne Warehouse, Shannon me dépose à l'aéroport pour que j'ai le temps de démonter mon vélo et d'écrire toutes ces lignes avec quelques jours de retard que vous venez de lire.

Sea kayaking to Rangitoto Island - 21/03/18

La famille de Rudy est debout tôt en bon kiwis. Je fais alors connaissance de Jeannine sa femme et de sa fille Abby. Je suis à nouveau super agréablement accueilli. Rudy est venu me chercher à l'aéroport hier soir. C'est le type qui m'a hébergé spontanément après ma première journée de vélo. Comme il me l'avait proposé me voilà chez lui à mon retour à Auckland. Qui plus est je lui ai proposé de se joindre à moi pour rouler jusqu'au Cap Reinga tout au bout du Northland. On doit préparer notre itinéraire mais avant cela nous partons faire du kayak jusque une île volcanique de 600 ans. C'est la première fois que je fais du kayak de mer en solo et je galère un peu à garder mon cap. Je slalome pendant les 5kms de traversée et n'avance pas bien vite ce qui agace un peu Rudy en bon compétiteur. On accoste sur cette petite île quasiment vierge annoncée par un joli phare rayé rouge et blanc. L'endroit est paradisiaque. On commence alors à marcher sur de la roche volcanique sur un sentier traversant cette nature quasiment vierge. On rencontre un couple de français fraîchement arrivé en NZ essayant d'échapper à Auckland le temps d'une journée. Une fois en haut on peut observer cette énorme ville bruyante et encombrée avec plénitude et sérénité. De retour au kayak, j'ajuste les réglages de gouvernail pour être plus à l'aise. Ça me change la vie. Je trouve enfin un coup de pagaie correct et gagne en contrôle de mon bateau. Je réussi même à surfer quelques vagues. Ceci ajouté à la configuration de vent et de marée, on met 10 minutes de moins qu'à l'aller. De retour à la maison je remonte mon vélo et prépare mes affaires pour rouler léger avec le minimum. Je réduis mon équipement de moitié en ne prenant que l'essentiel pour voyager à vélo ! Fantastique, je peux même démonter mon porte bagage avant ! Le frère de Jeannine, pilote chez Air New Zealand, se joint à nous pour la soirée qui est un grand moment de franche rigolade surtout concernant Rudy que j'embarque dans mon tour à vélo !

Kaukapakapa - 63km - 22/03/18

Debout de bonne heure, je prends le rythme de la maison ! On doit faire quelques achats avant le départ et on doit retrouver des amis de Rudy pour un café. Notre équipement finalisé, crème solaire sur le nez, on est paré. On part sous les flashs de l'appareil photo de Jeannine. Il nous faut d'abord une bonne heure de pistes cyclables et 20km pour sortir de l'agglomération d'Auckland et la circulation est largement gérable dans les quartiers résidentiels. Une fois sortis, on rencontre les premières côtes. Rapidement on se retrouve de long d'une forêt que l'on choisit de traverser pour s'éloigner de la route nationale même si ce sera plus long. Le goudron fait place aux graviers la plupart du temps mais avec deux fois moins de chargement sur le vélo c'est jouable voire même appréciable. En effet on ne voit qu'une demi douzaine de véhicules. Heureusement car l'on doit grimper quelques côtes. Rudy et moi roulons au même rythme sans se poser de question ce qui est super bon signe pour la suite. De l'autre côté de la forêt on retrouve une superbe petite route goudronnée sinueuse longeant quelques fermes et une végétation tropicale. Ça fait vraiment plaisir de retrouver ce bush tropical sous le soleil de Nouvelle-Zélande. Grâce au 1h30 d'avion de Queenstown à Auckland j'ai presque changé de saison voire de pays. Au bout de la route, on débouche sur le village de Waitoki, spot idéal pour notre pique-nique. Tranquillement ravitaillés nous repartons pour les 15km restants direction Kaukapakapa sur la route nationale. Passé ce village nous bifurquons sur une gravel road pour atteindre la ferme du frère de Rudy, environ 7km perchée sur une colline perdue dans la pampa, le bush, bref la campagne. Après quelques côtes encore bien difficiles sous la chaleur du début d'après-midi, on entre dans ce petit coin de paradis où habitent Laura, Paul et Ethan. Étant de la famille de Rudy, nous sommes super bien reçu. Après un thé et quelques toasts nous passons un après midi relaxant à découvrir les hobbies de Paul et Ethan, les fusils et rénover des Jeep militaires. Un petit resserage des rayons de mon vélo est nécessaire pour le vélo et quelques étirements pour moi. Plus tard nous dégustons un délicieux dîner sur cette immense terrasse en bois juste avant de pouvoir profiter du couché de soleil et de nourrir les moutons.

Mangawhai Village - 76km - 23/03/18

On quitte ce coin de paradis assez tôt pour éviter les pluies d'orages prévues pour l'après-midi. On continue de traverser un bush dans la rosé du matin par des gravel road qui sont plutôt praticable. C'est exactement la Nouvelle-Zélande que j'imaginais traverser à vélo en préparant ce voyage. Je suis sous le charme de cette campagne à la végétation luxuriante sous le soleil levant. Seules quelques maisons se trouvent ici, seulement quelques chanceux habitent Makarau Forest... Après une douzaine de kilomètres on remet les roues sur le goudron ce qui reste très agréable sur cette route peu passante. Cela nous permet de discuter et rigoler tout en roulant. Ça monte et ça descend sans arrêt, de quoi se croire en Bretagne. Une pause s'impose en haut d'une belle bosse ou nous faisons la rencontre de 2 cyclistes et discutons un moment. Nous poursuivons notre route jusque malheureusement pour nous, la route nationale. Heureusement on y reste seulement une dizaine de kilomètres. Reprenant la direction Est on fait face au vent qui est vite usant sachant que je commence à avoir sérieusement fin. Rudy connait un endroit sympa pour s'arrêter pique-niquer ce qui nous pousse au kilomètre 60 un peu avant 13h pour manger. Le spot en question est un bon terrain de rugby communal avec son club house. On s'y arrête bien 45 minutes avant de reprendre pour 13 derniers kilomètres plein vent. En arrivant à Mangawhai, on s'arrête acheter une bouteille de vin pour notre hôte de ce soir. Ensuite on s'arrête à un café restaurant Frog&Kiwi tenu par un toulousain passionné de rugby, en musique d'ambiance on peut entendre de la bonne musique française des années 70-80 et même du Claude François. Notre hôte nous reçoit avec un bon thé avant que Rudy décide de finir de tondre la pelouse de ce vieil homme bien sympathique. Il me montre les moules qu'il a pêché la veille. Comparé à celle en France, elles sont énormes. Ensuite Rudy m'explique les règles du criquet qui m'a l'air un sport bien ennuyeux malgré toute l'intensité que met Rudy à me le décrire... Nous tentons de planifier la suite malgré une météo très incertaine pour le lendemain avec les conseils avisés de notre bon hôte. Après un super dîné on profite du match de rugby Crusaders vs Bulls à la télévision.

Ohiwana Bay - 114km - 24/03/18

Aujourd'hui la météo a prévu d'être capricieuse. Il a plu toute la nuit et le ciel est chargé, ça sent la douche avant l'heure. On part tranquille car on roule direct face au vent et on prends rapidement une courte douche avant notre premier stop à Waipu. Nous sommes contraint de reprendre la route nationale pour 30km en passant par Whangarei une ville de bonne taille pour faire quelques provisions. Sur la route on fait la connaissance de John, un hollandais à vélo qui nous a rattrapé. Je me sens pas bien aujourd'hui. J'ai presque pas dormi de la nuit et je n'ai donc pas du tout l'impression d'avoir récupéré. Je suis grognon et m'énerve quand je vois Rudy essayer de suivre John. Je reste à mon rythme bien plus loin derrière. Enfin on fait notre pause déjeuner à l'entrée de la ville. Manger me fait grand bien et je complète par un délicieux mochaccino pour repartir. On retrouve John en s'arrêtant au supermarché puis on continue sur notre nationale peu agréable à vélo. À Whakapara, juste avant de bifurquer sur la route côtière se trouve une station BP où l'on prends un combo café/muffin qui fait plaisir. Pour la 3ème fois de la journée John arrive peu de temps après et on partage une pause pleine d'humour. A peine repartis on prends la 4 ème douche d'une minute de la journée. Ça me rappelle la Bretagne une météo si incertaine. La route que nous empruntons s'enfonce dans la forêt et le bush caractéristique de la région moyennant presque 300 virages jusqu'à destination. Un dernier gros effort nous permet d'atteindre Helena bay et de descendre près de 300m à fond en mettant les vélos sur l'angle à faire frotter les sacoches ! Que du bonheur ! Après cela les deniers kilomètres sont pénibles par hâte d'arriver. On reprends une douche locale et intense. Puis on bifurque enfin dans le cul de sac d'Oakura. Une dernière côte vicieuse ultra raide et courte nous donne enfin notre répit. Le camping d'Ohawini bay fait face à Whitikau rocks. Le cadre est magnifique, reposant. Le propriétaire nous propose un deal pour dormir dans une caravane au lieu de nos tentes car il va grincher sévère si je devais traduire ses paroles de l'anglais. Il y a même la télé et ça fait notre bonheur.

Bay of Islands - 70km - 25/03/18

Le terrain de camping est détrempé et nous sommes bien secs grâce à la bienveillance du maître des lieux. On poursuit sur cette route paradisiaque qui longe les baies puis qui traverse le bush et on s'offre même une belle gravel road pour gagner 10km sur le parcours contre une bosse de 280m ! Néanmoins cette escapade dans la pampa est hyper plaisante car les graviers sont bien tassés. Le sommet est pris dans la brume ce qui fraîchit la descente. Nous dévalons sur les graviers à plus de 40km/h. La route traverse maintenant les marais qui sont dans l'eau à marée haute et passe d'un marais à l'autre par de généreuses collines. L'humidité est très élevée et la température monte sérieusement en fin de matinée. Heureusement nous arrivons à Russell. On prends le temps de déjeuner et prendre un café avant de prendre le ferry pour Paihia en traversant la baie des îles comme elle est ainsi nommée. De ce côté de la baie la route est beaucoup plus passante et finit par rejoindre la nationale principale.  Malgré un vent contraire je pousse le rythme car je n'aime pas traîner sur ce genre de route. Les deniers 3 kilomètres sont en léger dénivelé positif et je lance une attaque pour semer Rudy, juste pour le plaisir. En effet on arrête pas de se charrier sur notre rythme ou quoi que ce soit d'ailleurs. Bref je lui mets fièrement une belle misère en arrivant chez Brad... Brad est le frère d'un ami de Rudy qui vient d'emménager ici 2 jours plus tôt. Bon nombre de sa famille est là pour le week-end, on doit être une dizaine mais pas de soucis ici plus on est de fous plus on rit. Brad nous offre des bières puis une fois douché, je converse avec la plupart de la famille qui est adorable. Ils s'intéressent à mon périple et je m'intéresse à leur histoire de vie ce qui résulte en une super soirée. Qui plus est, Brad et sa femme ont préparé un fabuleux barbecue à la mode kiwi qui se classe second sur le podium des barbecues de mon voyage amis qui remporte définitivement le prix de l'ambiance! 

 

Riding from East coast to West coast - 115km - 26/03/18

J'ai bien mangé (et bu raisonnablement) mais surtout j'ai bien dormi. Je suis remonté à bloc et ça tombe bien, on a des bornes au planning. Après des au-revoirs chaleureux, c'est dans la brume que nous démarrons et à l'heure de pointe de Waipapa... Gilet jaune sur le dos, je suis d'attaque. Je tire le rythme les deux premières heures au bout desquelles on a déjà fait plus de 40km. Nous sommes passé pas loin du spot de plongée pour l'épave du Rainbow warrior. Après une petite pause à Tokara je continue sur un rythme infernal mais Rudy suit toujours de pas trop loin le bougre ! La température matinale étant agréable on préfère aligner les kilomètres. A midi on fait un crochet à Mangonui pour un célèbre bistrot de Fish&Chips sur un quai de port. Cette fois je déguste du lemonfish accompagné de bonnes grosses frites. J'avoue que je me suis fait plaisir mais manger de la sorte au déjeuner au milieu d'une grosse étape de vélo n'est pas une brillante idée... Le redémarrage est compliqué malgré le café. Le soleil cogne. La route passe d'une baie à l'autre en gravissant les collines qui les séparent. Le vent finit par nous donner un coup de pouce qui aide à traverser une zone un peu malfamée. Le Far North est une région en dépression économique. Il n'y a peu de travail. Les maisons sont délabrées et les villages semblent presque abandonnés. De nombreuses maisons sont gardées par des chiens agressifs du genre Rottweiler ou Pitbull car la drogue fait "vivre" cette population en marge. Je me fais même courser mais j'ai le reflex de crier sur le chien pour l'ordonner de s'arrêter. Heureusement j'ai eu les jambes pour accélérer... Une rapide pause provision à Kaitaia nous permet de mesurer la température social. Un ado nous annonce qu'il va prendre notre vélo. Heureusement on campe 15km plus loin à Ahipara dans un camping sûr. Une fois installés, douchés et alimentés on part admirer le couché du soleil sur la plage qui est le début de la fameuse 90miles beach. Un moment fantastique de plus...

Bus tour to Cape Reinga - 27/03/18

Dès la montée dans le bus le chauffeur s'annonce blagueur et il n'arrêtera pas de la journée. Ce tour en bus nous permet de prendre une journée de repos et de découvrir la 90miles beach et Cape Reinga, l'extrême Nord du pays. Le chauffeur nous apprends de nombreuses choses sur l'océan, la plage, les dunes, la faune, la flore, l'activité locale et même le barbecue du midi. Cette plage est aussi utilisée et considérée comme une route en Nouvelle-Zélande et les camion/bus l'empruntent pour nous montrer son étendue. On fait des arrêts photos mais le plus agréable est de regarder défiler les dunes et les vagues en roulant à 100km/h ! C'est apaisant. On fait un arrêt photo avant de rejoindre la dune de sand board. Le principe est simple, se laisser glisser sur une planche courte en polystyrène comme les enfants utilisent pour surfer les vagues. La plupart des touristes s'y essayent et s'amusent, moi aussi. Les réceptions dans la rivière de sable sont parfois délicates mais personnes ne se blesse. On remonte dans le bus pour Cape Reinga. Malgré le nombre de personnes sur les sentiers menant au phare de Cape Reinga je parviens à faire de belles photos et savourer mon moment. Observer se rejoindre la mer de Tasmanie et l'océan Pacifique à quelque chose de spirituel puisque en pratique on observe un continuum d'eau après tout. Une pancarte multi destination internationale appuie ma réflexion sur l'aventure que je vis. C'est un moment propice pour penser à ce que j'ai accompli, réfléchi, décidé à l'issue des différentes découvertes et rencontres. Sur le retour nous est offert un barbecue sur la plage à l'image de l'hospitalité Maoris, simple et convivial. Je m'endors sur le retour en bus sur la plage. Un arrêt à l'Ancient Kauri Kingdom & Café me permet de combler mon manque de chocolat noir et de découvrir un escalier à colimaçon sculpté d'un seul tronc d'arbre ! C'est papa qui sera content de voir les photos ! Dès que la navette nous dépose au camping je file à la plage pour me baigner, nager et relaxer, seul. Ces moments seuls sont appréciables pour réfléchir mais je le dis que je les apprécierais encore plus s'ils étaient partagés en bonne compagnie...

Opononi - 89km - 28/03/18

Ce matin je traîne à me préparer et Rudy m'attends de pied ferme. On avait dit 8h et on décolle à 9h mais pour moi c'est pas grave, c'est les vacances après tout. Quittant Ahipara on se retrouve rapidement dans une campagne profonde où se succèdent des villages de tribus de Maoris tous les 10 kilomètres. On s'enfonce dans des petits massifs montagneux aux pentes exigeantes. J'ai beau être matinal, j'ai mal ! Après la journée de repos d'hier j'ai les jambes lourdes. Heureusement le ciel est couvert et maintient la température agréable pour rouler. Je lance une playlist de musique pour me motiver. Mon dérailleur me fait des siennes mais j'avais remarqué que mon dérailleur s'était un peu tordu. Un coup de tongue par ci puis un ajustement des vis et le problème est résolu. Je dois avouer que mon vélo tient super bien le coup vu ce que je lui fais subir...
Après notre pause café au bord de la route (oui parce que Rudy a son thermo) les collines semblent plus petites. Cette partie de la NZ me rappelle cette re-définition de la campagne perdue, beaucoup plus clairsemée que celle de ma douce France. J'adore y rouler car la végétation est typique et les fermes bien caractéristiques du pays. Cependant je n'y resterai pas vivre même pour des vacances, c'est vraiment trop reculé. Finalement la route rejoins une rivière et la suit jusque les marais qui débouche sur cette espèce de baie marécageuse. C'est donc plat sur les 30km qui nous séparent du ferry pour Rawene. On discute en attendant le ferry puis voilà un cycliste qui embarque inextrémiste. Chris est un kiwi de plus de 70 ans se lançant dans le tour Aotearoa, traversant la NZ du Nord au Sud. Rudy paye sa tournée de café/muffin et nous faisons connaissance de Chris. Il s'avère que Chris est allé à Locmariaquer l'année dernière pour voir un ami d'un échange scolaire remontant au année 50... Improbable c'est la plage où nous avions l'habitude d'aller en famille en Bretagne. On reprends donc la route accompagné de Chris malgré qu'il n'ait pas le même rythme, il est fort sympathique. On s'adapte car de toute façon on est presque arrivés, 18km à faire, et il apprécie notre compagnie. Il poursuit sa route au village suivant lorsque nous nous arrêtons à Opononi. Ce village est au bout de ce petit estuaire qui se jette dans la mer de Tasmanie. On peut voir d'énormes dunes de l'autre côté. D'ailleurs après un rituel douche/lessive/shopping et bon repas je termine ma journée sur la plage à écouter les petites vagues d'une mer calme.

Dargaville Kauri Coast #4000 - 89km - 29/03/18

A peine le temps de faire tourner les jambes sur du plat pour s'échauffer que ça monte déjà. Deux côtes plutôt raides s'enchaînent puis après un court répit c'est la grande ascension du jour. C'est ainsi que l'on pénètre doucement dans la plus grande forêt de Kauri Trees de Nouvelle-Zélande. Il est 10h mais le soleil cogne déjà. Peu après le début de l'ascension je passe mes 4000km parcourus sur mon vélo en Nouvelle-Zélande après seulement 2,5 mois de voyage. Moi qui avait prévu 3000 km en 3 mois... Je suis content mais compte bien aller au bout de cette bosse pour fêter ça. Une demi heure de grimpette plus tard je peux relâcher mes jambes et me laisser glisser un kilomètre plus loin. L'attraction en question est le plus gros arbre de Nouvelle-Zélande en terme de volume à seulement 2 minutes de marche de la route avec un excellent coffee shop tenu par un kiwi super cool qui garde un oeil sur nos vélos. Cet arbre est impressionnant, d'une couleur claire, d'un diamètre d'environ 3 mètres et d'une hauteur suffisante pour se tordre le coup, 50m. Il aurait apparemment plus de 2000 ans... C'est alors que l'on voit Chris, là avant nous, qui s'est visiblement levé plus tôt que nous en espérant nous retrouver. Je paye ma tournée de cafés et muffins pour mes 4000km. Après quoi on file à l'anglaise pour ne pas rouler avec Chris lorsqu'il va aux toilettes car il est beaucoup trop lent... On profite d'une descente magnifique au milieu de la forêt de Kauri tree d'une centaine d'années. Puis ça remonte puis ça redescend... Vous l'aurez compris le Norhtland, c'est comme la Bretagne. C'est jamais plat, ça monte jamais trop haut mais il y a des collines partout qui peuvent se montrer très abruptes. Néanmoins ce ride est un pure plaisir pour les yeux même si le soleil me chauffe généreusement les cuisses. Les amplitudes des côtes et descentes augmentent jusque notre pause déjeuner. On s'arrête voyant les nuages de pluie au loin. A peine fini de manger que des gouttes tombent. Il est temps de renpacketer et repartir. C'est alors que Chris s'arrête juste à la sortie du chemin où l'on s'etait installé en retrait de la route. On blague rapidement avec lui avant de continuer à notre route. On se prends une bonne averse d'une vingtaine de minutes, suffisamment pour être bien trempés. La suite jusque Dargaville est pénible car j'ai pas trop de jus. La pause pique nique s'est faite au lance pierre comme une transition de triathlon grâce à l'empressement intempestif de mon acolyte. Une fois à Dargaville on retrouve John, l'hollandais rencontré quelques jours avant, au supermarché. Il vient s'installer au camping avec nous. C'est l'occasion de partager une bière et d'apprendre à connaître le personnage. Je découvre qu'il a déjà de nombreux voyages à vélo au compteur à 39 ans et donc plein de choses intéressantes à me raconter. C'est un plaisir de profiter de toutes ses histoires de voyages malgré une fatigue cumulée qui commence à me peser.

Flat and Hilly Ride to Kaiwaka - 84km - 30/03/18

John se joint à nous pour l'étape du jour à mon grand plaisir ! Nous voilà rapidement sortis de Dargaville. On longe la rivière pendant 25 km à un rythme effréné. La route est droite et plate. John et moi nous relayons tenant une vitesse entre 25km/h et 30km/h. Cependant Rudy est à la peine sur ce type d'effort et demande de ralentir. L'humour habile et recherché de John rafraîchit les blagues lourdes et arrogantes de Rudy.
Après une bonne pause à Ruawai on reprends les vélos pour une trentaine de kilomètres. 
Après les 20 kilomètres, John commence à faiblir dans les côtes car il est plus chargé que moi et Rudy. Je finis par le perdre de vue alors que Rudy (resté dans nos roues toute la matinée) se met à foncer à toute allure comme pour le sprint final d'une course cyclo...  Je décide alors de m'arrêter pour attendre John et rouler avec lui plutôt que de le laisser galérer tout seul loin derrière. 10 minutes plus tard on retrouve Rudy qui suggère de s'arrêter pour manger à peine une heure après notre dernier arrêt et bien avant midi mais nous choisissons de continuer jusqu'au bled suivant, 13km plus loin. Après quelques montée et descentes supplémentaires, on s'arrête à Maungaturoto. Seulement les 25km derniers kilomètres étaient vallonnés après 42km de plat relatif. Cela nous a permis d'avoir tracé 67km avant de déjeuner à une moyenne de 23km/h... Une première pour ce voyage !  Sur le point de partir des amis de Rudy partant en week-end s'arrêtent pour discuter. Nous restons bien 30 minutes de plus ce qui nous fait une pause bien trop longue. Le redémarrage est d'autant plus dur que nos muscles sont froids et le soleil cogne en ce début d'après midi. Je m'arrose la tête d'eau pour me refroidir alors que je dois puiser dans mes dernières réserves d'énergies pour arracher chaque côtes qui nous sépare de l'arrivée, un camping situé 5km après Kaiwaka. Malgré tout je me dis que j'ai quand même une sacré forme car je grimpe chaque côte comme un forcené pour en finir au plus vite. Au final je repousse mon record d'allure moyenne à 21,8km/h grâce à un vent favorable, un co-équipier formidable et une pêche d'enfer. Le camping est en fait un bout de terrain d'une ferme ou écurie où nous plantons nos tentes dans une herbe assez haute qui sera, a fortiori, d'un grand confort. Je me réjouis qu'il n'y ai plus que deux jours de vélo.  

Back to Kaukapakapa - 69km - 31/03/18

Après un réveil les yeux rivés sur le levé du soleil, c'est difficilement que je me remets en selle. Rudy et John semblent avoir récupérés. Moi j'ai eu une nuit agitée sous l'effet de la pleine lune. Au moins j'ai pu observer les étoiles par un ciel complètement dégagé. La sortie du camping demande une certaine habileté pour passer une côte de gravier. Ensuite on trace sur la nationale 1 que la plupart des gens remonte vers le Nord pour le week-end. Tête dans le guidon décidé à en finir je prends le lead dans les côtes tant que je tiens puis me relâche quand mes acolytes reprennent le relais. L'étape est une alternance incessante de montées et descentes. Aujourd'hui c'est ma playlist de musique française qui me donne la motivation manquante pour avancer. Malgré mon état de fatigue avancé, je tiens le rythme du groupe et tiens même de long relais au rythme effréné. En une heure on atteint Wellsford, dernière ville de la journée où l'on profite d'une tarte à l'abricot et cafés offerts par Rudy. En attendant j'ai gardé les vélos, rêvassant, comatant les yeux dans le vide puis somnolant... Le soleil chauffe déjà sérieusement les cuisses. Finalement la discussion fait durer la pause 30 minutes, ce qui est un peu long en considération de l'effort physique à fournir après. Bref on s'est refroidis mais heureusement pas trop pour être à la peine. On passe sur la nationale 16, supposée plus calme. Cependant un incident sur la 1 a dévié tout le traffic sur notre itinéraire. Le traffic en ce week-end de pâques est infernal dans les directions Nord et Sud à ma surprise. On finit par s'arrêter 20 km plus loin dans les méandres des marais où se trouve une jetée pour bateau de plaisance et de pêche. Une énorme table de pique nique de 4 mètres fera l'affaire pour nous trois. On repart sous un soleil harassant pour encore 20km de montées et descentes plus jusqu'à un point de vue. Après des aux-revoirs avec John nous bifurquons dans la campagne sur 9km direction la ferme de Laura où nous sommes restés à la première étape du Northland. Les derniers kilomètres sur la gravel road sont difficiles mais on en vient à bout. Rincés mais heureux car la dernière étape devrait être plus cool. Enfin chez Laura, je m'offre un goûter gourmand puis soigne mon début d'ongle incarné qui m'a bien fait grimacer toute la journée... Jeannine la femme de Rudy nous propose de venir nous chercher chez Laura. Personnellement je ne suis pas contre ayant passé les 4000km mais Rudy tient à finir le travail commencé. Qu'à cela ne tienne, je ne suis plus à ça de près, en plus la météo sera bonne ! Après un après midi relaxant à discuter et écrire, on finit par dîner et regarder ET. Vu notre fatigue, la complexité du film sera parfaite.

 

Back to Auckland - 63km - 1/4/18 - End of the bike trip

Ayant changer d'heure cette nuit mais pas de rythme, on décolle comme d'habitude donc une heure plus tôt... La descente de la colline via la gravel road me permet de le réveiller et de profiter une dernière fois du bush dans le calme d'un dimanche matin. La route est calme mais on bifurque quand même sur Peak road, une route encore plus calme néanmoins bien vallonnée... Cet axe secondaire traverse une campagne agréable encore ombragée par les arbres et versant de collines. 4 ou 5 belles côtes me font sentir qu'il est temps d'en finir. Mes jambes sont raides et ne peuvent plus tenir le rythme des jours passés. Je mouline plus, loin derrière Rudy. Malgré une fatigue certaine, il tient une forme bluffante. Je me contente de suivre sans prendre connaissance de l'itinéraire. La pause café à 20km me remets un peu plus sur pieds mais ce n'est toujours pas ça. Je vais m'accrocher jusque la fin et ça ira. On passe les premières petites villes en bordure de l'agglomération d'Auckland. Prenant une route sur les crêtes sur des hauteurs on peut apprécier l'étendue de Auckland et distinguer la Sky tower. C'est encore un peu la campagne mais l'expansion de la population amènera bientôt de nombreuses habitations ici. Au premier café à Massey, Rudy offre un dernier café et gâteau. Il nous reste 15km de vélo urbain sur routes et pistes cyclables. Les jambes sont cuites mais je tiens en pédalant en souplesse. On traverse quelques quartiers résidentiels et parcs pour finir sur l'avenue menant chez Rudy pour le dernier kilomètre. Un peu avant 12h, Jeannine, prévenue de notre arrivée, nous attends pour immortaliser le moment. La vidéo et les photos font prendre conscience que ça y est, nous sommes arrivé au bout de cette boucle du Northland et moi de mon périple à vélo. On a plein de choses à raconter à Jeannine et Josh, leur fils rentré pour le week-end. On passe un après-midi tranquille à déballer nos affaires, se reposer et passer en revue notre périple. 

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×